Il s'agit d'un quadrilatère, plus ou moins vaste, limité par un fort talus de terre pouvant atteindre deux mètres de hauteur et curieusement appelé "fossé", sans doute parce qu'il faut creuser de part et d'autre pour l'édifier. Il est surmonté d'une rangée simple ou double d'hêtres, plus rarement de chênes, de charmes, ou d'ormes. Ce talus élevé, nécessitant un gros travail, intrigue beaucoup ; certains ont voulu y voir une clôture de parc à moutons. On comprend mieux l'épaisse parure de hêtres : c'est un abri efficace contre le vent souvent violent, et à l'intérieur du clos-masure règne ainsi un microclimat plus doux, favorable aux jeunes animaux qui y paissent et aux plantations de pommiers. En effet, les forêts du plateau de Caux faisaient, jadis, office de brise vents, protégeant les habitations. Leur disparition s'accompagna d'une prolifération des cultures. Mais ce n'est pas ce changement d'utilisation du sol qui pouvait faire face au soufflement des vents dominants venant de la mer. Aucune barrière écologique ne pouvait les arrêter.

C'est pour pallier à cet élément naturel que la ferme cauchoise, dénommée clos-masures ou cours-masures, est née. Ce patrimoine édifié au beau milieu de parcelles cultivées s'avère unique au monde. La surface des clos masures oscille entre un demi et trois hectares.

Outre son rôle de lieu de vie, elle faisait également office de prairie – verger. C'est pourquoi on y retrouve les bâtiments d'habitation mais également ceux d'exploitation (charetterie, étable, écurie…) ainsi que des mares et des citernes, des arbres fruitiers et des jeunes animaux mais aussi des animaux de basse cour. En sus de ce rôle de rempart écologique, le fossé avait également une fonction de protection des jeunes animaux, des animaux de basse cour et des arbres fruitiers contre les prédateurs. La protection des clos – masures étaient renforcée par l'existence d'un seul portail faisant office d'entrée principale et les champs étaient desservis par de rares entrées secondaires. Un véritable forteresse autonome en fait !

L'autre hypothèse serait une volonté de s'abriter des regards des autres, mais aussi une réserve de bois sur un plateau finalement peu forestier, alors que la construction des maisons exigeait beaucoup de poutres.

Jusqu'à aujourd'hui, les haies entourant ces clos-masures enrichissent écologiquement les espaces du plateau. En effet, la végétation de ces talus attire de nombreux insectes, oiseaux et micro-mammifères. Mais jusqu'à quand ? De nos jours, les arbres sont souvent abattus et les talus rasés. Par conséquent, leur utilité écologique disparaît au fil du temps. Alors où iront trouver refuge les animaux qu'ils protégeaient ?
De nos jours, la "cour" n'abrite plus guère que la maison d'habitation du fermier et les différents bâtiments d'exploitation. Ceux ci pouvaient être fort nombreux jadis. On en comptait en moyenne 5 à 8 et jusqu'à 12 à 20 pour les grandes exploitations : fournil, étable, bûcher, étable, écurie, porcherie, grange, charreterie, remises diverses. Les plus beaux clos masures comportaient, en signe d'aisance, un colombier. Ils étaient en apparence dispersés sans ordre dans la cour, mais en fait, la localisation de ces bâtiments répondait tout de même à quelques règles simples. Il fallait les écarter au maximum pour limiter les risques d'incendie. Les bâtiments de travail (écurie, charretterie) étaient plutôt à proximité du chemin d'accès aux terres labourables. La maison d'habitation était volontairement éloignée de la barrière d'accès à la cour. Elle s'appuyait le plus souvent contre la haie, surtout dans les petites exploitations, à moins à moins qu'elle ne s'installât plus au centre.
Lors de votre visite à "La Vitrine du Lin" vous pourrez constater sur le terrain le Clos-Masure.

Le Clos Masure de la Vitrine du Lin